Note : Bienvenue aux nouveaux abonnés de cette lettre, nous sommes aujourd’hui 737 dans cette aventure, quelle joie dans mon coeur ! Pour celles et ceux qui sont nouveaux par ici et qui ne connaissent pas notre histoire, voici une courte récap’. Après avoir vécus 15 ans dans les Antilles françaises (île de Saint-Martin), nous avons décidé l’été dernier de voyager pour une durée minimum de 1 an, à travers l’Europe et ailleurs, dans notre Camping-car! Nous sommes donc nomades depuis plusieurs mois. Le Maroc, était notre premier vrai voyage, dans le Voyage.
✍🏼 Aujourd’hui je vous écrit depuis Couteron, en Provence, sur les terres de mes ancêtres du côté paternel, et des forêts de mon enfance. Cette lettre est la première de ma catégorie Carnets de Voyage, j’espère qu’elle va vous plaire, j’ai pris plaisir à l’écrire et à compiler mes notes, nos discussions et nos plus belles photos.
🎙️ Vous pouvez écouter ce premier épisode de Podcast directement dans l’application Substack ou via votre navigateur sur un ordinateur. Vous pouvez aussi lire la transcription automatique, qui sera traduite dans votre langue.
✂️ Cette lettre est longue et votre application de messagerie aura peut-être tronquée une partie de son contenu, cliquez sur voir le message complet pour en visualiser la totalité.
Maroc, notre bilan.
Vous souvenez-vous de ces soirées cacao dont je vous parlais tant sur Instagram, ces soirées de discussion entre Kevin et moi, devenues des rituels importants dans notre quotidien ? Eh bien, aujourd’hui, nous vous permettons d’entrer dans cette intimité en nous écoutant nous parler l’un à l’autre, comme nous le faisons régulièrement depuis plusieurs années, soutenus par notre médecine, le cacao sacré.
C’est parce que nous nous sommes donné ce temps et cet espace pour se connecter à nos coeurs et à nous même, que nous en sommes là aujourd’hui. C’est après des dizaines de soirées comme celles-ci que nous avons changé de vie.
J’espère que ce moment d’écoute vous emportera dans la douceur, la réflexion, où vous pourrez — éventuellement — entendre notre philosophie de vie.
Pour compléter cette discussion audio, j’ai complilé ci-dessous mes notes de journal.
Le dépouillement
Si il y a bien eu une grande leçon apprise dans ce pays, c’est celle du dépouillement.
J’ai partagé dans mon premier post ici, la phase de transformation difficile qui s’était opérée dès le 1er janvier de cette année, où j’ai abandonné et écarté de ma vie de nombreux aspects de moi, de mon travail, de ma spiritualité. J’ai été comme forcé au dépouillement, et celui-ci s’est perpétué plusieurs semaines encore, nous touchant tous les deux Kevin et moi 👇🏼
Nous avons poursuivis cette notion de dépouillement encore plusieurs semaines après cela, nous amenant à toujours réduire encore plus les choses matérielles et immatérielles qui ne servent ni notre bien être ni notre voyage. Laissant encore derrière nous, vêtements, objets, comptes sociaux, business, modes de pensée, jeux de cartes, outils cérémoniels, livres…
Dans le royaume du silence
Dans ce pays, j'ai eu l'impression que les esprits ne parlaient pas, ou que la terre ne me parlait pas, comme si c'était un royaume de silence. Ce monde minéral et sec semblait sourd à mes appels. Le fait est que ce monde communiquait différemment, et que je devais apprendre à comprendre son langage.
En terre musulmane, le monde invisible à ses propres modes de fonctionnement.
J’ai noté dans mon carnet que j’étais plug à un système de communication invisible chrétien / Païen — Si je puis exprimer les choses ainsi — où chaque lieu est gardé et / accompagné par ses Saints, ses Dieux, sous formes de statues, peintures, ornements, gargouilles, temples, fresques, autels… Et que l’on peut converser avec ces présences à chaque instant, puisqu’elles sont omniprésentes. Je repensais au Portugal où la Vierge est posée partout, je repensais au Mexique où les Dieux Mayas et les Saint Chrétiens se côtoient partout, tout le temps, tous animés autour de nous.
Ici, rien. Seul la mosquée, et le chant de l’imam pour représenter le plus haut.
Cette réflexion me ramenait soudain à cette même notion de dépouillement, de sobriété.
Ici, seul le chant reste, le chant quotidien a plus grand que soi.
Le son.
La dévotion pure et simple.
Sans ornements.
Nul besoin d’autre chose.
Et j’ai compris que je devais écouter autrement.
Un dialogue silencieux, une présence plus vaste et sans forme.
Que j’ai aimé ces chants ! Moi qui chante de plus en plus aux ancêtres.
Alors j’ai réalisé que le silence n’étais pas silence.
• À Errachidia une nuit, après avoir parlé au feu, j’ai reçu un rêve et un chant (sujet d’une autre lettre à venir).
• Dans les gorges de Todgha, j’ai reçu un message de sagesse à propos de l’impermanence des choses. Les montagnes, n’ont pas toujours été des montagnes m’ont-elles dit.
• J’ai — littéralement — pelé, ma peau était constamment sèche et craquelée. Telle une mue, j’ai abandonné de nombreuses peaux. Le lendemain des messages vocaux envoyés à mon amie dans l’article ci-dessus, je tombais lors d’une promenade en solo dans la nature sur une mue de serpent entière, et intacte, d’une soixantaine de cm. Je ne souhaitais pas la récupérer car elle se serait déchirée, et je n’avais pas mon téléphone pour l’immortaliser. Le message était clair.
• Régulièrement, la Coccinelle — transformation, adaptation, croissance personnelle & spirituelle — était envoyée comme messagère.
J’ai mis du temps à comprendre ce que me demandais ce territoire. Je me suis débattue.
J’ai l’impression d’avoir visité les coins les plus arides et inhospitaliers de mon être, et que la moindre touffe d’herbe verte me faisait le plus grand bien, comme un baume. Quelles émotions représentaient ces oasis dans lesquels je voulais me réfugier?
Je remercie la médecine du désert et du monde minéral pour cette initiation intense.
Être un bon nomade
Une autre leçon nous à été apporté par les Ancêtres nomades du désert, à travers nos demandes de guidance et de visions. Qui de mieux qu’eux pour nous initier au nomadisme?
Ce que nous avons appris, c’est que pour être un bon nomade il faut avoir un but, et que notre trajet doit être déterminé par des choses essentielles (saisons, échanges culturels, commerce, rencontres communautaires).
Arrivés à Sidi Ouassay, sur la côte, au milieu de notre voyage au Maroc, nous avions cette sensation de déambuler et de errer sans but précis.
Nous avions tout d’un coup la sensation d’être les mêmes que les retraités autour de nous dans ce camping.
C’est bien de se poser quelques jours au même spot, à profiter et ne rien faire, mais au bout d’un moment, on ne sais plus trop ce qu’on fait la…
Ne pas avoir du plan faisait parti du plan, mais dans ce non-plan sur la durée, il nous faut des objectifs définis, des étapes, un fil rouge.
À ce moment là, nous devions aussi faire un choix entre poursuivre la route vers le Sud pour descendre au Sénégal (nous étions en Afrique, alors tant qu’à faire) ou remonter vers l’Europe au début du printemps.
Nous avons donc décidé d’organiser un conseil familial cacaoté, pour demander conseil aux cartes, aux guides, aux Ancêtres et à l’Esprit du cacao. Nous avons sorti un jeux : l’Oracle de l’esprit animal sauvage et inconnu (accessible pour les enfants).
Quelle guidance pouvions nous recevoir sur le fait que nous nous sentions errer?
La mygale nous confirmait qu’une grande décision devait être prise, qu’une routine nous détournait de notre rêve, elle nous invitait au recentrage.
Le castor nous rappelait que la tâche à accomplir nécessite un effort constant et sur le long terme.
Nous avions aussi besoin d’éclairage sur la direction à prendre (Sud Sénégal? Nord Europe?), et nous avons alors demandé un indice supplémentaire en demandant à ce que la carte tirée représente clairement l’animal en relation avec la direction.
Et contre toute attente c’est un poisson qui est venu nous délivrer sa sagesse 🐟 🎯
Le poisson adore, être absorbé par le courant de la vie. Il s'épanouie dans le mouvement perpétuel. Le style de vie errant du poisson peut être exaltant un moment, mais conduit généralement à la lassitude, à des relations glissantes. Avec toutes les possibilités, là-bas, dans les vastes eaux, le poisson se perd sans objectif, ni intention clair.
Après en avoir débattu, et à la demande des enfants, nous irions donc vers l’Europe, pour voir la neige ❄️ et la famille 🧑🧑🧒🧒. Voilà que nous avions maintenant un but.
Routes & chemins d’enseignement
Souvent en arrivant dans un village, à la recherche de notre spot pour la nuit, nous avions l’impression de s’être trompés, que ce n’était pas le bon chemin. Soit le camping-car semblait ne pas pouvoir passer dans les rues, soit la route semblait déboucher sur un cul-de-sac. Les rues étaient parfois en parties détruites - effondrées, jonchées de gravats, et les quelques habitants nous regardaient bizarrement.
Est-ce que ça craint, tu crois ?
Sans donner trop d’importance à cette petite voix branchée sur la peur et le doute, nous suivions notre GPS (celui du téléphone, mais aussi celui intérieur).
Pour découvrir, à chaque fois, qu’après le virage douteux, se trouvait toujours une ouverture sur une large vue, la mer, ou une kasbah décorée et accueillante…
Je ne peux donc m’empêcher de faire un parallèle entre les routes et chemins du Maroc, et les chemins de la vie. Que malgré les apparentes embuches, la beauté peut se trouver au détour d’un virage…
Découvrez plus de photos et vidéos sur notre Polarstep, le carnet de voyage interactif en ligne que nous utilisons chaque jours pour suivre notre parcours sur la route 🗺️
J’ai encore tant de choses à vous dire sur ce pays et ce voyage. Leurs fraises oufissimes, leur huile d’olive ultra épaisse et délicieuse, leurs petit cafés de bord de route, l’hospitalité, la vie simple, la modernité qui côtoie les traditions…
Les choses que nous avons aussi moins aimé.
Venez continuer cette conversation dans le canal d’échange ou posez nous vos questions en commentaires, cela pourrait faire l’objet d’une seconde partie 💌
Nous espérons vous avoir emmené en voyage avec nous !
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